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Les dépenses courantes d’octobre 2018 à août 2019 ont atteint 66 milliards 398 millions
Le Tableau des opérations financières de l’Etat (TOFE) d’octobre 2018 à août 2019 renseigne de manière non équivoque sur l’efficacité de l’administration centrale de l’Etat quand il s’agit d’effectuer des dépenses de fonctionnement et sa grande incapacité à investir. Les dépenses courantes d’octobre 2018 à août 2019 ont atteint 66 milliards 398 millions par rapport aux 62 milliards 783 millions de gourdes de l’exercice précédent, soit une variation de 10 %, selon le TOFE.
Les salaires des employés permanents ont été de 25 milliards de gourdes contre 23 milliards, soit une variation de 8 %. L’administration centrale de l’État a payé presque la moitié du montant des salaires des employés permanents aux contractuels et consultants « autres », soit 11 milliards 768 millions de gourdes. Il y a une augmentation de 4 % en considérant les 11 milliards 331 millions de l’exercice précédent, lit-on dans le TOFE.
Pour l’acquisition de biens et services (fonctionnement), sans communication actualisée au public de l’inventaire des biens de l’État, il y a 19 milliards 716 millions de gourdes. Ces dépenses ont augmenté de 3 % comparativement à l’année dernière, lorsqu’elles étaient de 19 milliards 120 millions de gourdes.
Les subventions et autres transferts, bien qu’en diminution de 12 % par rapport aux 7 milliards 554 millions de l’exercice précédent, ont totalisé, entre octobre 2018 et août 2019, 6 milliards 612 millions de gourdes. Mais quand il s’agit d’investissements publics, ils ont connu une diminution de 67 %, indique le TOFE. L’État, entre octobre 2018 et août 2019, a investi 2 milliards 568 millions de gourdes contre 7 milliards 554 millions l’an passé. L’État accorde 4 milliards de gourdes en plus des subventions comparativement aux investissements.
Dans la rubrique « Projets d’investissements », 1 milliard 975 millions ont été affectés contre 6 milliards 879 millions de gourdes l’an passé, soit une diminution de 71 %. Pour « machinerie et équipements » il y a 865 millions de gourdes contre 594 millions l’exercice précédent, selon le TOFE. Le Tableau des opérations financières de l’Etat (TOFE), disponible sur le site du ministère de l’Économie et des Finances, indique qu’il y a zéro gourde d’arriérés nets alors qu’il est connu que l’État doit beaucoup d’argent à des compagnies de construction et à des compagnies pétrolières en rapport aux subventions des produits pétroliers.
Avec zéro gourde de dons et 6 milliards 954 millions de gourdes de prêts nets, le tableau des opérations financières d’octobre 2018 à août 2019 indique que le financement net de la BRH à l’État a baissé drastiquement, atteignant 4 milliards 881 millions de gourdes contre 15 milliards 440 millions de gourdes l’exercice précédent.
Avec un ministère de l’Economie et des Finances prêt à signer les chèques, une Inspection générale des finances molle, une Cour des comptes qui ne l’est pas moins après l’exécution du budget pour effectuer le contrôle a posteriori, traquer les anomalies, exiger des inventaires, juger des comptes d’ordonnateurs indélicats, une ULCC transparente, un UCREF amorphe et un ministère de la Planification incapable d’accompagner, de favoriser des niveaux de décaissements satisfaisants de projets d’investissement destinés effectivement aux populations, le ver est dans le fruit de l’administration centrale de l’Etat. Le problème est l’accaparement du ministère de la Planification par des parlementaires alliés du président Jovenel Moïse.
Entre réforme et « spin »
Le président Jovenel Moïse, assis sur ses échecs économiques et financiers, est décrié par une bonne partie de la population. Il affirme être attaché à des réformes. Le projecteur qu’il braque sur les contrats avec des fournisseurs privés d’électricité n’est pas inutile. L’amendement, la non-reconduction ou la résiliation de contrats dans l’intérêt de l’Etat, dans le cadre de la loi, sont de nature à fédérer.
Cependant, le président Jovenel Moïse a choisi, à certains égards, de « spinner » dans la gestion de ce dossier. La problématique de la réduction de la subvention de plus de 200 millions de dollars l’an au secteur de l’énergie, telle que présentée depuis des années par des partenaires de développement, prend en compte les contrats à couper ou renégocier dans l’intérêt de l’Etat, la réforme de l’ED’H dont le taux de recouvrement du courant vendu est en deçà de 30 %, le tarif facturé en dessous du coût du kw/h produit, la réalisation d’investissements sur le réseau dont la vétusté provoque des pertes techniques non négligeables. Le président Moïse n’est toutefois pas parvenu à convaincre sa majorité à la Chambre des députés et jadis au Sénat de voter le prêt de 150 millions de dollars de Taiwan pour effectuer des investissements dans le secteur de l’énergie électrique.
Jusqu’ici, après les trois décrets pris sous la présidence Martelly pour ouvrir le secteur, encourager des investissements privés dans la production, le transport et la commercialisation de l’énergie électrique, l’ANARSE, a fait un travail normatif. La volonté de changer la matrice électrique du pays, de produire du courant avec du gaz naturel, faire la part belle au solaire, avoir de plus grandes ambitions au niveau hydroélectrique sans renier la production de courant par la combustion d’autres carburant comme le diesel et le mazout a été largement exprimée.
Cependant, à date, les investisseurs avec des projets bancables, avec des garanties de financements nationaux et internationaux en poches ne se bousculent pas au portillon.
Par ailleurs, l’Etat n’a pas explicité une volonté d’amender ou non la loi de 2002 qui donne des incitatifs à l’investissement que certains présentent comme des avantages indus aujourd’hui. Or, pour attirer des investissements locaux, des investissements directs étrangers, certains incitatifs peuvent constituer des avantages comparatifs. Cela dit, la manière de gérer ce dossier laissera des traces. Pour un Etat pauvre, il faut être à la fois agressif dans la défense de ses intérêts et respectueux des normes, de la loi.
S’il faut encourager la transparence dans tous les secteurs où l’argent public est engagé, pour le président Jovenel Moïse, le temps n’est pas à la lune de miel. Il y a des contentieux avec une frange importante de la population haïtienne. Il est un président sous lequel le saut dans la précarité et la pauvreté a été des plus spectaculaires. Il est aussi un président, au fond insensible, buté, friand de manœuvres politiques à courte vue mais aux conséquences terribles.
Il sera à jamais associé à la « dédollarisation », au déficit budgétaire énorme de l’exercice 2017-2018. Il est perçu, alors que le pays entre dans sa septième semaine de « lòk », comme le président qui s’accroche au pouvoir, insensible au fait que l’économie s’est effondrée. Il sera retenu aussi que le président Jovenel Moïse s’est réjoui du soutien de ses alliés dans une bataille de plus de 16 mois avec l’opposition.