Politique
Le rang des chômeurs et des affamés s’est élargi et la colère de la rue a éclaté contre ce président mou dans la lutte contre la corruption
Le président Jovenel Moïse fuit comme la peste la vérité de son bilan. En deux ans et demi, sa présidence a quasiment eu l’effet d’un séisme sur l’économie haïtienne déjà anémiée à cause de problèmes structurels, le désordre fiscal, le refus de renforcement des capacités des institutions publiques et de la mise en place d’un agenda pro-croissance supporté par des politiques publiques et des acteurs progressistes du secteur privé des affaires.
Sous Jovenel Moïse, le taux d’inflation est passé de 13,9 % en février 2017 à 19,5 % en août 2019, selon les statistiques de la Banque de la République d’Haïti. Pour la même période, sur le marché des changes, il fallait quelque 65 gourdes pour 1 dollar américain en février 2017 contre 93 gourdes le 25 octobre 2019.
La gourde a perdu quelque 30 % de sa valeur. Avec le taux d’inflation flirtant avec les 20 %, le pouvoir d’achat des ménages a fondu comme du beurre au soleil et parmi les 6 millions de pauvres ayant un revenu de 2 dollars US par jour, beaucoup glissent dans l’extrême pauvreté.
Pour contenir l’inflation et la dépréciation de la gourde, la BRH a pratiqué le resserrement monétaire, un ajustement des taux directeurs qui ont fait grimper les taux d’intérêts des crédits privés qui, dans certains cas, sont supérieurs à 30 %. Le 0,1 % de croissance du PIB en 2019 selon les prévisions du FMI, la fermeture en cascade de petites et moyennes entreprises, l’augmentation du nombre de chômeurs noircissent un peu plus le bilan du président Jovenel Moïse.
La situation de l’insécurité alimentaire, aggravée par plusieurs mois de sécheresse dans certaine régions du pays, a poussé le président Jovenel Moïse, à travers le ministre haïtien des Affaires étrangères, à faire une demande d’aide alimentaire d’urgence auprès des USA.
Le président Jovenel Moïse, qui avait promis de mettre de l’argent dans les poches et de la nourriture dans les assiettes, ne peut vendre ces éléments de langage.
L’Etat, sous Jovenel Moïse, a battu des records. Pour l’exercice 2017-2018, le déficit budgétaire a été supérieur à 20 milliards de gourdes. L’effet mécanique sur le change et l’inflation a été ressentie.
Avec ce même budget reconduit pour l’exercice 2018-2019, cette présidence, cette administration ne s’est pas mise en quatre pour réaliser des investissements conséquents au bénéfice de la population.
La triste vérité des dépenses publiques…
Le Tableau des opérations financières de l’Etat (TOFE) d’octobre 2018 à août 2019 renseigne de manière non équivoque sur l’efficacité de l’administration centrale de l’Etat quand il s’agit d’effectuer des dépenses de fonctionnement et sa grande incapacité à investir. Les dépenses courantes d’octobre 2018 à août 2019 ont atteint 66 milliards 398 millions par rapport aux 62 milliards 783 millions de gourdes de l’exercice précédent, soit une variation de 10 %, selon le TOFE.
Les salaires des employés permanents ont été de 25 milliards de gourdes contre 23 milliards, soit une variation de 8 %. L’administration centrale de l’État a payé presque la moitié du montant des salaires des employés permanents aux contractuels et consultants « autres », soit 11 milliards 768 millions de gourdes. Il y a une augmentation de 4 % en considérant les 11 milliards 331 millions de l’exercice précédent, lit-on dans le TOFE.
Pour l’acquisition de biens et services (fonctionnement), sans communication actualisée au public de l’inventaire des biens de l’État, il y a 19 milliards 716 millions de gourdes. Ces dépenses ont augmenté de 3 % comparativement à l’année dernière, lorsqu’elles étaient de 19 milliards 120 millions de gourdes.
Les subventions et autres transferts, bien qu’en diminution de 12 % par rapport aux 7 milliards 554 millions de l’exercice précédent, ont totalisé, entre octobre 2018 et août 2019, 6 milliards 612 millions de gourdes. Mais quand il s’agit d’investissements publics, ils ont connu une diminution de 67 %, indique le TOFE. L’État, entre octobre 2018 et août 2019, a investi 2 milliards 568 millions de gourdes contre 7 milliards 554 millions l’an passé. L’État accorde 4 milliards de gourdes en plus des subventions comparativement aux investissements.