Politique

Le président Jovenel Moïse est un cancer incurable, un patient psychiatrique dont l’état nécessite une évaluation rapide

« Le président Jovenel Moïse est un cancer incurable, un patient psychiatrique dont l’état nécessite une évaluation rapide. C’est un inconscient, un corrompu, quelqu’un avec qui on ne peut planifier l’avenir du pays. Il a échoué… » Tels sont les diagnostics des professionnels de la santé qui étaient plusieurs dizaines dans les rues de Port-au-Prince, mercredi 30 octobre, pour demander le départ du chef de l’Etat.

Devant le symbole de l’échec du système de santé du pays, l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), des dizaines de médecins, d’infirmières, de pharmaciens, de techniciens de laboratoire et d’agents de santé, vêtus de leur blouse, attendent le coup d’envoi d’une marche historique. Ils sont vite rejoints par des militants. Deux parmi les leaders de « Rezistans Sante », structure organisatrice de la manif, font monter l’adrénaline, en attendant le char musical qui n’a pas tardé. Il est 11 heures. La marche démarre avec des participants rouges de colère, prêts à déverser leur ras-le-bol sur le macadam. Les professionnels de la santé refusent le silence. Tout comme les autres secteurs représentatifs du pays, ils veulent en finir avec Jovenel Moïse, diagnostiqué comme « un patient psychiatrique, un cancer pour le pays ».

Les médecins manifestants se disent aux côtés d’un peuple meurtri qui n’a accès à rien. « On ne peut pas rester sourd aux revendications de la population qui n’exige que le départ du M. Moïse », a déclaré le Dr Varnelle Jasmin, coordonnatrice de « Rezistans Sante ».

Tout au long de la marche, Jovenel Moïse est pointé du doigt par les manifestants comme le seul responsable de la situation chaotique du pays qui, depuis une décennie, n’avait jamais enregistré un taux de croissance aussi bas, soit 0,1 %. Le Dr Roben Demas n’y va pas avec le dos de la cuillère pour le fustiger. « On exige la démission de Jovenel Moïse. Le président Jovenel Moïse est un cancer incurable, un patient psychiatrique, son état nécessite une évaluation », a martelé le Dr Demas, résident à l’HUEH. Le résident en maternité juge que les excuses du président arrivent trop tard. “Sans condition, il doit démissionner, et par la suite, se mettre à la disposition de la justice, car il a  participé au détournement des fonds publics notamment les fonds PetroCaribe et favorisé la corruption”, avancent ses collègues.

Depuis plusieurs décennies, dénoncent les manifestants, c’est pour la première fois que la santé va aussi mal. Cet état de fait est constaté sous la présidence de Jovenel Moïse. « Il y a un constat : le président Jovenel Moïse est le symbole de l’échec. Il ne peut pas nous servir d’interlocuteur. On ne peut faire aucune projection avec ces gens au pouvoir », a estimé le Dr Dunois Erick Cantave. Par sa présence, il voulait se solidariser de la population qui exige la démission de Jovenel Moïse et la réforme du système.

De son côté, le Dr Jean Enold Buteau croit que les revendications nationales sont plus importantes que les revendications sectorielles, c’est pourquoi, dit-il, les médecins appuient la population qui ne veut plus entendre parler de Jovenel Moïse.

Au milieu d’une foule, l’infirmière Renée Benoît crie : « Nou bouke ! » La situation est telle que les gens meurent dans les meilleures structures hospitalières du pays faute de soins. Elle plaide en faveur d’un système de santé capable de rendre accessibles les soins à toute la population. « On doit fermer le robinet de sang », lâche-t-elle, soulignant que le personnel de santé ne peut fournir des soins à la population en raison de toutes les carences dont souffrent les hôpitaux.

Dans la même veine, le Dr Gregory Élysée soutient qu’il faut que quelque chose change dans le pays.  La santé ne doit pas être reléguée au second plan. Le budget alloué à la santé doit être augmenté, exige-t-il.

La manifestation a débuté à la rue St Honoré, devant l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti, avant d’arpenter le Champ de Mars, la rue Capois, l’avenue Jean Paul II, Lalue, pour revenir au point de départ.

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